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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/92

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honorent vos cimiers, et que le soupçon flétrisse votre gloire.

xxvi.

Il dit, et descend de son coursier. Vingt cavaliers qui avaient accompagné Wycliffe se préparent à le suivre sans attendre les ordres de leur chef. Redmond détache ses éperons de ses brodequins, il se dépouille de son manteau, suspend ses pistolets à sa ceinture, s’engage dans le bois, en suivant la trace de Bertram, et appelle à lui les autres guerriers, comme un chasseur qui commande sa meute. A peine si Oswald put faire entendre ces mots par lesquels il exprimait sa lâche inquiétude : — Je soupçonne, comme vous… oui, poursuivez le meurtrier… Volez, mais n’allez pas vous exposer dans un inutile combat avec un assassin désespéré qui vendrait chèrement sa vie ! Aussitôt que vous l’apercevrez, faites feu sur Bertram. Je promets cinq cents nobles d’or à qui m’apportera sa tête.

xxvii.

Les cavaliers courent à la hâte s’emparer de toutes les issues de la forêt. L’écho répète au loin les clameurs bruyantes de Redmond ; avec lui marche Wilfrid, frémissant de colère, enviant son ardeur martiale, et noblement jaloux de sa gloire. — Mais Oswald, l’héritier de Mortham, où est-il, lui que l’honneur, les lois et les liens du sang désignaient comme le premier vengeur de la mort de son cousin ? Appuyé contre le tronc d’un ormeau, le front penché, et les mains croisées étroitement, il frémit et reste en proie aux plus cruelles transes. Ses yeux sont attachés à la terre ; il prête une oreille attentive à chaque son qui fend les airs, car il se voit menacé d’entendre a chaque instant une funeste accusation.

xxviii.

Que lui font les rayons brillans du jour qui nuancent les teintes variées du feuillage de la vallée ! Tout ce qui l’environne lui semble tourner dans un mouvement continuel : comme dans une mer orageuse qu’éclaire faible-