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Page:Oeuvres de madame Olympe de Gouges.pdf/468

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voie du ridicule ; & ſes Épigrammes, qui, en dépit du goût du Public ſont devenues des ſentences, la condamneront à un opprobre éternel.

Ô dangereux ſéducteur, qu’on hait, qu’on craint & qu’on révère, je ne brave point les avis des ſages, ni des perſonnes prudentes ; mais c’eſt vous ſeul que je nargue, que je défie & que je démens, ſans m’arrêter aux craintes que vous inſpirez en général ; vous ſeul m’avez fait connoître un ſentiment que je n’avois jamais éprouvé.

Au moment que j’allais effacer dans cette Préface tout ce qui vous concerne ; votre Opéra de Tarare paraît. Le Public eſt à la fois ſubjugué & baffoué par vous, « Tarare, me direz-vous ? Eh ! crevez de jalouſie ». J’enrage en effet ; car mon ſtyle eſt auſſi barbare que le vôtre, & cependant quelle différence de célébrité ? C’eſt à mourir de rire ; allez-vous ajouter, en hauſſant les épaules de voir ce ſexe foible, cette femmelette ſe meſurer avec un homme de ma ſtructure, prétendre aux honneurs, au génie & à la pureté de mes écrits. D’un ſeul mot je pourrois l’écraſer ; mais je veux lui faire grace & lui prouver par mon ſilence que je ne prodigue point mes avantages contre tant de médiocrité ; que ce ſerait lui reconnaître trop de mérite que de faire aſſaut d’eſprit avec elle. Je me contenterai de lui dire impérieuſement : taiſez-vous, Femme, & reſpectez votre Maître. — Ah ! ne vous en déplaiſe, mon cher Maître, vous avez paſſé les bornes de l’honnêteté & de la bienſéance pour votre Écolière. Avec quelle bonhommie, avec quelle ſimplicité ne vous ai-je point ſoumis mes premières productions ? vous ſemblâtes même vous y intéreſſer & me donnâtes