Page:Oeuvres de madame Olympe de Gouges.pdf/482

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prudent qui ne frémiroit pas à la vue des dangers que nous courons tous ici, ſur-tout nous autres domeſtiques : on nous accuſera d’impoſture : nous ſerons conſiderés comme des ſerviteurs ſuſpects, & peut-être verrons-nous notre démarche, toute innocente qu’elle eſt, ſuivie des effets les plus funeſtes. Monſieur le Commandeur a donné à entendre que ſon neveu pourroit bien arriver incognito de ſon Régiment, & je crains bien qu’il ne l’inſtruiſe, non de la vérité, mais de ce qu’il croit ; car, d’après l’indifférence avec laquelle il traite Madame la Marquiſe, je gagerois qu’il la ſoupçonne d’infidélité envers ſon mari.

Madame Pinçon.

Vous êtes un oiſeau de mauvais augure. Tout ceci tournera bien, Monſieur Pinçon ; c’eſt moi qui le prédis. Exécutez les ordres que Madame vous a donnés. Voici le Jardinier à ſa charmille, & moi, je vais arranger les cabinets comme de coutume. Nous avons aujourd’hui grande compagnie. Monſieur le Baron eſt arrivé.

M. Pinçon.

Il eſt vrai qu’il eſt aſſez bruyant pour tenir lieu de pluſieurs perſonnes ; mais je crains bien que Monſieu le Marquis n’en augmente le nombre : ce qui feroit un fâcheux contre-tems rapport à cet éventé de Baron.

Madame Pinçon.

Laiſſons aller les choſes naturellement.