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Page:Oeuvres de madame Olympe de Gouges.pdf/556

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SCÈNE X.

LA MARQUISE, Madame PINÇON,

accourant au bruit, & voyant ſa maîtreſſe preſqu’évanouie,

la retient dans ſes bras.
Madame Pinçon.

Ô ma pauvre maitreſſe ! dans quel trouble vous êtes ; j’ai couru au bruit : que ſe paſſe-t-il donc ?

La Marquise.

Laiſſe-moi , laiſſe-moi ; la vie m’eſt inſupportable. Qu’ai-je fait ? Quel eſt mon crime ! J’avoue que mon amour m’a rendue la femme la plus coupable & la plus hardie ; mais pour qui le trompais-je ? Pourquoi ai-je employé cette ruſe, cette adreſſe, ſi ce n’eſt pour lui ?… Il eſt jaloux.

Madame Pinçon.

Jaloux ! vous lui faites beaucoup d’honneur. C’eſt l’amour qui le rend furieux.

La Marquise.

Je ne puis reſpirer dans l’état où je me trouve. Madame la Comteſſe, ma meilleure amie, m’abandonne. Il faut nous réunir : il faut deſſiller les yeux de mon époux ; il faut tout lui révéler. J’ai gardé trop long-tems ce cruel ſilence. Il croit que c’eſt un jeu de ma part, qu’il ſe repente à ſon tour de m’avoir ſi mal connue. Ah ! Monſieur le Marquis ! Mon cher Clainville ! Que tu