Page:Offenbach - Notes d un musicien en voyage 1877.djvu/116

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plus vives et les plus gaies s’envolaient de ses lèvres.

A la fin du dîner, je fis remarquer au garçon l’inconvenance qu’il avait commise en nous donnant de la musique à table sans en être prié.

— Ah ! voilà, monsieur, j’aime la musique et je m’en sers pour exprimer mes impressions. Quand un plat me déplaît, je siffle des airs tristes. Quand un plat me convient, je siffle des airs gais. Mais quand j’adore un plat...

— Comme la bombe glacée de tout à l’heure ? interrompis-je.

— Monsieur l’a remarqué ? Alors je siffle mes airs les plus gais.

— Vous trouvez ça gai l’air de la Grande-Duchesse, que vous siffliez tout à l’heure ?

— Un air de monsieur, c’est si amusant !

Comme je n’aime pas beaucoup entendre siffler ma musique, je priai le maître d’hôtel, lorsqu’il m’arriverait de dîner dans mon appartement, de ne plus m’envoyer un garçon siffleur.