Page:Offenbach - Notes d un musicien en voyage 1877.djvu/12

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passait pour le plus grand avare de la ville. On prétendait qu’il avait eu autrefois un très-grand talent ; dans son quartier on le désignait sous le nom glorieux de « l’artiste ». C’est chez lui que Jacques prit des leçons à vingt-cinq sous le cachet. Les fins de mois étaient dures dans la famille Offenbach, mais on se privait de quelques petites douceurs pour économiser le prix du cachet, car Herr Alexander ne plaisantait pas : il fallait étaler les vingt-cinq sous sur la table avant le commencement de la leçon. Pas d’argent, pas de violoncelle !

Le premier souvenir précis que j’aie de la jeunesse de Jacques coïncide avec la première visite qu’il fit de Paris à ses parents. Ce fut un événement chez tous les amis de la famille, où depuis longtemps il n’avait été question que de Jacques qui, disait-on, amassait des millions à Paris en jouant du violoncelle. On ne se doutait pas à Cologne que le fils du papa Offenbach gagnait péniblement sa vie sur les bords de la