Page:Offenbach - Notes d un musicien en voyage 1877.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps de rien distinguer. J’avais bien entendu comme un roulement de tonnerre, c’étaient les hommes ; comme un tremblement épouvantable ébranlant le plancher, c’étaient les chevaux. J’avais bien vu une lueur rouge, la machine brûlait son charbon. J’avais bien vu une forme noire pendue aux brides, c’était le cocher avec son cri : « Ready », c’est prêt ; mais, je le répète, je n’avais pas eu le temps de rien distinguer, et cependant comme le disait le cocher, tout était prêt — en six secondes et demie ! — Je regarde Offenbach, il était muet. Il regardait encore, que tout était déjà rentré dans l’ordre habituel ; ses yeux semblaient effarés comme s’il eût été sous le coup d’un cauchemar rapide ; il restait coi, je devais terriblement lui ressembler. Ai-je réussi à vous donner l’idée d’une rapidité pareille, vertigineuse, télégraphique ? Malgré moi, notre système de pompes françaises me vint à l’esprit : j’étais honteux.