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ment avec la compagnie de la Baie d’Hudson. Le Labrador abondait en ours, loups-cerviers, carcajous, castors, renards noirs et argentés, et en autres animaux à fourrures de valeur.

M. Smith fut préposé au poste de Mingan. En dépit de son importance, il y avait alors peu de blancs en cet endroit, et sa désolation, pour un esprit aussi actif que celui de M. Smith, devait être, durant les longs mois d’hiver, quelque chose d’effroyable.

L’été fournissait toujours des distractions à son esprit aventureux et hardi, en lui permettant de faire des excursions de chasse et de pêche à l’intérieur, où le gibier abondait dans les bois et les rivières sur les rives desquelles s’ébattaient des colonies d’oies sauvages, d’eiders, de ptarmigans et de coqs de bruyère. Mais combien eussent été interminables les longues soirées d’hiver, si M. Smith n’eût aimé l’étude à la passion et n’eût été sans cesse mu du désir d’agrandir le champ de ses connaissances ! Avec sa persévérance habituelle, il lisait tout avec la plus grande attention ; aussi n’eut-il pas lieu de regretter, par la suite, l’isolement forcé auquel l’avait condamné son séjour au Labrador ; car ce genre de vie lui donna l’occasion de se perfectionner dans certaines connaissances qui lui furent si utiles alors qu’il eut à jouer son rôle dans les centres d’affaires de la civilisation du XIXème siècle. Sa facilité à saisir un sujet et à se rendre immédiatement maître de chaque détail s’y rattachant a souvent fait l’admiration des hommes d’expérience ; aussi ne peut-on douter que son séjour au Labrador ait beaucoup contribué à former son esprit et à le rendre apte à réussir dans les grands projets qu’il devait entreprendre plus tard.

Pendant son séjour à Mingan survint un incident qui met vivement en relief cette infaillible persévérance et cet attachement inviolable au devoir qui ont été de tout temps le point remarquable de la carrière de M. Smith. Cet épisode de sa vie montrera aussi à quels dangers ceux qui ont fait le Canada se trouvaient exposés dans le sentier ardu qui devait finir par les mener aux honneurs et aux succès.

Pendant qu’il avait la direction du poste de Mingan, il fut atteint d’ophtalmie, causée par la neige, et se vit en grand danger de perdre la vue. Ce qu’une telle calamité aurait eu d’affreux pour un jeune homme actif et ambitieux, on peut se l’imaginer, et bien peu de gens pourront le blâmer du parti qu’il prit en cette occasion.

Comme il n’y avait pas de bons oculistes avant d’arriver à Mont-