Page:Ohnet - L’Âme de Pierre, Ollendorff, 1890.djvu/178

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à la maison de Clémence, il s’achemina vers Deauville. En marchant, il pensait :

— Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment se fait-il qu’il soit en retard ? A-t-il renoncé à m’accompagner ? Quelle idée nouvelle s’est imposée à lui ? Il était cependant sincère, hier soir. Mais il a revu cette damnée créature, et toutes ses bonnes résolutions se sont évanouies. Qui sait ? Peut-être a-t-il raconté notre entretien, en se faisant un titre de sa trahison. Dans l’état d’affolement où il est, tout devient possible.

Le docteur, tout en monologuant, était arrivé devant la porte de la maison. Il leva les yeux vers les fenêtres. Elles étaient grandes ouvertes. Dans la cour, un palefrenier lavait une victoria, faisant tourner rapidement les roues, dont les rais mouillés étincelaient au soleil.

— Il faut pourtant savoir à quoi s’en tenir, murmura Davidoff.

Et, délibérément, il monta les marches qui conduisaient à une terrasse, et pénétra dans le vestibule.

Un domestique vint à sa rencontre.

— M. Jacques de Vignes ? demanda le docteur.

— M. de Vignes est absent.

— Va-t-il rentrer ?

— Je l’ignore.

— Mme Villa est-elle ici ?

— Madame est dans la serre.

— Remettez-lui ma carte, et demandez-lui si elle veut me recevoir.

Le domestique s’éloigna. Le docteur fit quelques pas dans le vestibule, regardant distraitement le mobilier de chêne sculpté, les jardinières pleines de fleurs, les plats de faïence accrochés à la muraille, et le vaste pot de porcelaine de Chine, dans lequel étaient serrées, comme dans un fourreau, les ombrelles