Page:Ohnet - L’Âme de Pierre, Ollendorff, 1890.djvu/220

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VII

Il y avait, ce matin-là, grand déjeuner chez Clémence. La semaine des courses commençait. Un arrivage de Parisiens avait eu lieu la veille. Et, rencontrés, le soir même, au casino, ils avaient été invités par la belle fille et par Jacques. C’était la fleur du monde joyeux. Gentlemen triés sur le volet parmi les plus élégants et les plus gais, femmes choisies parmi les plus séduisantes et les plus aimées. Les hommes portaient des noms célèbres dans les arts, la finance et la politique. Les femmes étaient les gradées les plus illustres du bataillon de Cythère.

Il y avait là le prince Patrizzi ; Duverney, le peintre des nudités modernes, spirituel convive gardant de sa jeunesse une bonne humeur de rapin ; le petit baron Trésorier, l’agent de change, une des plus fines lames des salles d’armes de Paris ; Berneville, sportsman qui monte comme un jockey de profession et s’est cassé sept fois la clavicule dans des steeples ; le duc de Faucigny, le plus jeune député de la Chambre, légitimiste intransigeant, qui a fait une profession de foi retentissante