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LA VILLE ENCHANTÉE

notre petite Marie, notre ange », me dit-elle. De tous les côtés, une vaste clameur lui fit écho, hommes et femmes parlant à la fois. « J’ai vu ma mère, disait une voix, ma mère, morte depuis bientôt vingt ans » ; « Et moi, mon petit René », criait une autre, « Et moi, mon fils Camille tué en Afrique. » Et tous de courir passionnément vers ces mêmes portes qu’ils venaient à peine de fuir avec épouvante. Ils frappaient, ils criaient : « Ouvrez-nous, ouvrez-nous, ô bien-aimés. Pensez-vous qu’on vous ait oubliés ! Non, nous ne vous oublions pas. » Ils pleuraient, ils souriaient, ils tendaient les bras vers… vers quoi ? juste ciel ! Que faire ? Agnès elle-même ne m’écoutait plus, fascinée par ce qu’elle croyait être la présence de notre petite Marie. Et c’étaient les plus faibles, les femmes surtout, les vieillards, les ma-