Page:Oliphant - La Ville enchantee.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
LA VILLE ENCHANTÉE

très vite. Leurs rudes voix, leurs poignées de main, la véhémence de leurs questions, tout cela est trop fort pour moi. Du reste, j’ai fui, dès mon enfance, le contact des autres hommes. Leurs pensées n’étaient pas les miennes, leurs goûts non plus. L’Invisible me hantait. Je n’avais de curiosité que pour l’Invisible. Dans la moindre brise, j’entendais de clairs murmures. Des ailes me frôlaient sans cesse, des pas invisibles glissaient près de moi. Cela arrive à tous les enfants, mais la plupart s’en inquiètent et s’en épouvantent. Moi, tout au contraire. N’est-ce pas Dieu et ses anges qui passent ainsi par les routes de l’invisible, et avec eux, la fleur de la terre, tout ce qu’il y a de plus exquis parmi les hommes ? Les plaisirs des êtres périssables qui pèsent un instant sur la terre, longtemps ne me furent rien.