Page:Oliphant - La Ville enchantee.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
LA VILLE ENCHANTÉE

pour entrer chez moi, j’aperçus encore la blouse bleue de Jacques, et l’éclair de la pièce de cinq francs qu’il continuait à faire sauter en l’air. Il riait, il criait toujours : « Vive l’argent ! c’est le vrai bon Dieu. »

Je n’ignore pas que la plupart vivent comme s’ils partageaient cette opinion, mais enfin ils ne se permettent pas de la formuler d’une façon aussi brutale. Allumés par la verve de Jacques, quelques passants riaient comme lui : « Bravo ! bravo ! lui faisait-on. » Un homme lui dit : « Tu as bien raison, mon ami : l’argent est le seul Dieu qui en vaille la peine. » Un autre, ayant rencontré mon regard : « Ce catéchisme n’est pas trop long, n’est-ce pas, monsieur le Maire ? » Celui-ci, du moins, ayant remarqué mon déplaisir, ne prolongea pas ces plaisanteries malsonnantes.