Aller au contenu

Page:Olivier - Un sauvetage, 1938.pdf/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
UN SAUVETAGE

me répondre. Vous auriez pu partir tous les deux, mais voyez les conséquences : une vie irrégulière, une existence besogneuse, précaire même au bout d’un certain temps, et le retour forcé dans votre famille après avoir épuisé toutes vos ressources.

— Mais, Monsieur, fit encore une fois Germaine.

— Ce que j’avance, j’en suis sûr, répliqua Maurice, et je vous le prouverai : voyez-vous le retour dans votre famille, le scandale, le mariage forcé avec un homme que vous ne connaissez pas, c’est-à-dire dont vous ignorez la situation ?

Germaine baissa la tête, ce qui était une façon de convenir que tout cela était vrai.

— Au lieu de cela, continua Maurice, au lieu de cette situation fausse, malheureuse, vous vous retrouvez ce matin chez vous comme d’habitude, au milieu des vôtres et encore libre. Ne préférez-vous pas cela ?

Un silence. Maurice attendait la réponse et Germaine ne se décidait pas à répondre. Il insista :

— Voyons, je me suis trouvé là pour vous empêcher de partir et vous ramener chez vous. Je sais très bien que votre premier mouvement a été un mouvement de colère contre moi, peu importe. Ce qui importe, c’est votre opinion ce matin…

— Ce matin, murmura doucement Germaine, je suis heureuse de n’être pas partie.

— Bon. Donc, l’importun de cette nuit vous a rendu service ?

— Je le crois.

— Si vous le croyez, maintenant, s’écria Maurice radieux, tout à l’heure vous en serez sûre.

— Que voulez-vous dire ?

— Maintenant que je connais votre sentiment, dit Maurice, je vais tout vous dire. J’avais peur que vous ayez des regrets, mais puisque vous n’en avez pas, je vais parler sans arrière-pensée.

Maurice était heureux ; la joie était peinte sur son visage et rayonnait de ses yeux. Ainsi, cet amour, ce qui allait lui faire commettre les pires folies, tombait lamentablement. Pas de pleurs, pas de cris, pas de récriminations, pas de reproches. Après une seule nuit de repos et de réflexion c’était le retour à la vie saine et régulière. Comment une jeune fille aussi pondérée pouvait-elle avoir eu une aussi grave minute d’égarement ? Enfin, c’était fini : cette nuit avait