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Page:Olivier - Un sauvetage, 1938.pdf/56

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UN SAUVETAGE

fixés sur l’homme qu’elle quittait ; il n’osa pas faire un mouvement.

Maurice était resté spectateur muet et profondément impressionné de cette scène, prêt à intervenir s’il l’eût fallu.

Ce ne fut pas nécessaire. Arrivé à la porte, Germaine lui fit un signe, et après un dernier regard écrasant à José, ils sortirent tous les deux.

Au bas de l’escalier, les nerfs de la jeune fille tendus à se briser se détendirent brusquement et elle tomba dans les bras de Maurice en sanglottant.

— Ah ! mon ami… mon ami…

Suzanne qui l’avait accompagnée et attendait dans le bureau de l’hôtel, accourut. On étendit Germaine sur un canapé, on la fit respirer et boire, et elle se remit peu à peu. Elle tendit à Maurice les lettres froissées qu’elle tenait dans sa main encore crispée.

— Lisez, mon ami.

— Oh ! je vous en prie…

— Lisez, je le veux absolument ; ceci vous appartient comme ma vie, puisque c’est vous qui m’avez sauvée. Faites cela pour moi, je serai beaucoup plus tranquille après.

— Vous m’embarrassez beaucoup… Enfin, puisque vous l’exigez….

Il parcourut les deux lettres ; elles étaient puériles et sentimentales, petites fleurs bleues et projets d’avenir. Il fit craquer une allumette, les deux lettres flambèrent, et bientôt il ne resta plus d’elles qu’un petit tas de cendres, à peine, comme du passé dont elles étaient le dernier souvenir.

Germaine se leva.

— Partons, dit-elle, maintenant que tout est fini. Mais quoi, votre vêtement est tout froissé et votre oreille saigne !

— Ce n’est rien, nous avons commencé à nous colleter.

— Mon pauvre ami… Et vous aviez sorti les armes. Heureusement que je suis arrivée… J’ai pensé tout à coup que je ne pouvais pas raisonnablement lui demander mes lettres sans lui rendre les siennes et je les apportais. Elles étaient restées dans un coin de mon armoire et je n’y pensais plus.

— Continuez à n’y plus penser, mon amie. Heureusement rien de grave ne s’est passé et je peux vous aimer sans arrière-pensée et sans regrets. Laissez-moi vous aimer,