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l’ouest, il est certain qu’elle s’est produite, et il y a tout lieu de croire que les Shins du Dardistan en sont en tout ou en partie la descendance ; leur origine à ce compte serait bien mongole.

La position géographique de la province de Chèn-si, pour l’époque lointaine où nous remontons, se définit en effet par 32 à 40 degrés de latitude et 96 à 109 degrés de longitude[1].

C’est toujours, ainsi que nous l’avons déjà fait remarquer, le pays ou fort approximativement le pays des Daradas des textes sanscrits, la Mongolie des temps modernes.

XIX

Une autre circonstance bien digne de remarque et qu’il convient d’affirmer dès à présent, c’est l’existence, contrairement à ce que nous en a dit M. Girard de Rialle, d’un idiome particulier aux tribus du Dardistan.

Cet idiome n’est pas régulier, souple et abondant comme le sanscrit, le grec et le latin, mais tel qu’il est il suffit au besoin du peuple qui le parle et il a excité la curiosité d’observateurs intelligents.

En 1878, M. le docteur Leitner nous a apporté une grammaire et un vocabulaire de cet idiome[2] et en 1880 M. le major Biddulph a fait imprimer à Calcutta une autre grammaire et un vocabulaire de ce même idiome[3].

Le nom Shina que porte cet idiome est significatif et vient en renfort à la tradition qui fait descendre les Dardes de l’ours, c’est-à-dire qui les fait venir originairement du pays des ours, la Mongolie, du nord de la Chine.

  1. Édouard Biot, Dictionnaire des villes et arrondissements de l’empire chinois, p. 7.
  2. Vocabulaire comparatif des langues parlées entre Kaboul et Kachmir, par M. le docteur Leitner (de Lahore), annexe no 1. (Congrès international des sciences ethnographiques, 1878). Paris, Imprimerie nationale (1881).
  3. Major Biddulph, Tribes of the Hindoo Koosh. Calcutta, 1880, chap. xiv, et appendice B.