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Voici sur ce point historique, sur cette pratique d’ordre intime, quelques indications tout à fait circonstanciées.

VIII

Youdhishthira[1] est un nom des plus retentissants dans les fastes de l’Inde antique.

Trois princes ont porté ce même nom. L’un d’eux a régné sur la province du Couroudésa, contrée du nord de l’Inde ; les deux autres ont régné sur le Kachmir.

Le premier est Youdhishthira-Pandava[2], l’aîné des fils de Pandou. L’époque de son règne, qui peut être de beaucoup antérieure au douzième siècle avant notre ère, semble ne pas pouvoir descendre au-dessous de ce douzième siècle.

Les règnes des deux Youdhishthira du Kachmir, distants l’un de l’autre de quatre siècles environ, avoisinent l’éclosion de l’ère vulgaire par une distance à peu près égale, soit en deçà, soit au-delà.

C’est du Youdhtshthira-Pandava qu’il sera question ici, et par conséquent l’épopée polyandrique dont je vais parler relève de son époque et aussi des annales de sa famille.

Ici, en effet, les acteurs ne sont point de ces petites gens qui exploitent en participation les caresses d’une femme pour éviter la multiplicité des dépenses et des enfants, mais bien des princes, des Kchatriyas.

Le Mahâbhârata signale plusieurs autres cas de polyandrie, mais celui qui est le sujet de cette communication est plus particulièrement en vue dans le grand poème, surtout mieux connu dans les causes et les incidents qui en ont amené la consécration.

C’est, dans l’Adi-parva, premier livre du Mahâbhârata, au chapitre intitulé : le Swayamvara — fête pour le choix d’un


  1. Ce nom signifie : Ferme sur le champ de bataille ; il se traduit en tibétain par : Gyoul-ngor-brtan-pa.
  2. Pandava : fils de Pandou.