Page:Ollivier-Beauregard - Kachmir et Tibet.djvu/144

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chou-Lama, par Rungpur du Bahar et par le Boutan ; puis rentré au Bahar par le même chemin, n’a pu connaître du Tibet que la partie sud-orientale, partie nécessairement habitée par les populations tibétaines chez lesquelles Turner a constaté la pratique de la polyandrie, partie couverte de ces immenses forêts, que m’avait d’abord déniées M. de Ujfalvy.

Et, ce fait acquis, je me croirais complètement d’accord avec M. de Ujfalvy si je n’avais à relever chez lui une petite méprise au moyen de laquelle il met à ma charge une déclaration touchant la situation agraire du Tibet, déclaration absolument contraire à celle que j’ai faite.

Je constate en effet la stérilité qui règne au Tibet, et M. de Ujfalvy m’accuse d’y inventer de vastes espaces labourables pour les besoins de ma thèse : « Nulle trace, dit-il, de ces magnifiques forêts, de ces vastes espaces labourables auxquels M. Beauregard tient si particulièrement pour les besoins de sa thèse. »

Je regrette d’avoir à le faire remarquer à M. de Ujfalvy, mais il est bien certain que, contrairement à ce qu’il écrit, les besoins de ma thèse — pour parler comme lui — exigeaient des espaces stériles, précisément là où il prétend que je place de vastes espaces labourables pour les besoins de ma thèse, et, s’il veut bien se reporter au quatrième paragraphe de ma communication du 15 mars 1883, il y trouvera, après l’exposé des circonstances qui, à mon avis, motivent la stérilité des terres au Tibet, cette conclusion, bien faite pour lui faire regretter sa méprise. Je dis en effet :

« Où l’avenir manque, le travail languit et s’éteint.

« Ainsi s’expliquent, par l’imperfection de son régime économique, l’insuffisance de la culture des terres au Tibet ; par l’insuffisance de la culture, l’infertilité du sol ; par l’infertilité du sol, la disette ; par la disette, la pitoyable nécessité de la pratique de la polyandrie, qui fait la dépopulation systématique. »

Et il n’y a dans ces expressions de disette et de misère rien qui ressemble aux vastes espaces labourables dont