Page:Ollivier-Beauregard - Kachmir et Tibet.djvu/146

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déjà les Dardis, arrière-petits-fils des Daradas, n’est pour cette antique famille qu’une terre d’adoption. Eh bien, j’ai cru que l’anthropologie avait quelque intérêt à connaître le pays d’origine des Daradas-Dardis, et j’ai tenté de déterminer historiquement la position de leur pays d’origine. Je crois avoir réussi, et je me permets à ce propos de recommander mon second mémoire à M. de Ujfalvy.

III

Mais le pays d’adoption des Daradas-Dardis, situé, comme nous le savons, sur les pentes septentrionales de ce massif de montagnes secondaires qui couvrent le Kachmir vers le nord, a-t-il été jamais compris dans les limites de l’Aryâvarta ?

M. de Ujfalvy avance « que Lassen et Kiépert considèrent le pays des Daradas comme faisant partie de l’antique Aryâvarta ».

Je crois qu’il y a méprise de la part de M. de Ujfalvy ; en tous cas, je n’hésite pas à affirmer que le pays des Daradas-Dardis n’a jamais fait partie de « l’antique Aryâvarta ».

Le mot sanscrit : Aryâvarta, est un composé qui signifie : contrée sainte, pays de noblesse ; il comporte l’idée de séjour de prédilection, et n’a jamais été appliqué qu’à l’ensemble des contrées hindoustaniques conquises par les Aryas sur les indigènes sauvages qu’ils refoulaient devant eux.

Les limites les plus étendues de cette terre de prédilection n’ont jamais dépassé, à l’est, la mer orientale, c’est-à-dire le golfe du Bengale ; au midi, les monts Vindhya ; à l’ouest, la mer occidentale, qui est la mer Arabique ou golfe d’Oman ; au nord, les crêtes de l’Himalaya[1].

Ces limites, que trace solennellement le livre de Manou, laissent le pays des Daradas-Dardis en dehors de l’Aryâvarta, et cette exclusion, topographiquement infligée aux Daradas,

  1. Lois de manou, liv. II, 21, 22.