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M. Troyer a traduit la Radjatarangini et il a fait suivre sa traduction de commentaires en tous points fort remarquables[1].

Ces commentaires, auxquels chacun de nous peut recourir, concluent, quant aux Nagas, en faveur de Kalhana et jusqu’à plus ample informé nous devons accepter la tribu des Nagas comme la tribu mère des tribus aborigènes du Kachmir. Les Darada-Dardis peuvent en sortir, mais c’est là une notion à acquérir et il y a des circonstances qui s’opposent à sa réalisation.

En effet, quant au Tibet, nous sommes sur le fait de l’origine de l’ensemble de la population primitive plus sûrement renseignés que sur celle du Kachmir.

Nous savons d’où viennent les tribus qui ont, dans l’antiquité, peuplé les montagnes du Tibet ; sur une tribu centrale du Tibet, nous avons une légende qui en fait évidemment une tribu de négritos autochtones et nous trouvons la tribu des Darada inscrite seulement parmi les tribus avoisinant au nord la famille mongolo-tibétaine. C’est aux écrivains chinois et aux livres des bouddhistes que nous devons la connaissance de ces particularités dont je vais faire ici l’exposé.

Les historiens chinois, Ma-touan-lin en tête, nous apprennent qu’à une époque, maintenant vieille de cinq à six mille ans, les peuplades qui fondèrent l’empire chinois vinrent des contrées septentrionales, qu’elles durent défricher de grandes et profondes forêts, afin de conquérir le sol sur la primitive nature et pour avoir raison des sauvages habitants indigènes.

Ces sauvages indigènes qui, vivant dans les forêts, tenaient alors les contrées septentrionales de la Chine, sont dénommés par les chroniqueurs chinois Y’, c’est-à-dire Porteurs de grands arcs, et aussi Miao-Tseu, c’est-à-dire Fils des champs incultes.

  1. Ces commentaires font suite au deuxième volume ; consulter aussi la préface du troisième volume.