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V

Mais, sur les tribus diverses qui ont avoisiné à une autre époque les contrées dont une partie dépend aujourd’hui du Tibet, les géographes chinois nous fournissent des indications qu’il nous faut noter ici tout spécialement et étudier avec un soin particulier, car, comme nous l’avons vu, c’est surtout la question de voisinage qui nous intéresse.

Il s’agit, en effet, de savoir qui, dans l’antiquité, des peuples historiques que je dénommerai tout à l’heure, ou des Dardis de Klaproth, du docteur Leitner et de M. de Ujfalvy, — quels que soient d’ailleurs chez ces Dardis le poil et l’ouverture de l’angle facial — a occupé les territoires que M. le docteur Leitner a spécifiés ainsi : « Dans le sens le plus large, le Dardistan comprend les pays situés entre le Kaboul, le Badakhshan et le Kachemyr. Ce serait un triangle ayant pour base Peshawer[1]. »

Dans ces conditions de délimitation, le Dardistan serait l’ensemble des contrées le plus ordinairement et pour des temps anciens dévolues — à tort ou à raison, je ne veux pas le savoir ici, — aux Aryas-Bactriens.

À la question ainsi posée nos classiques : Hérodote, Ctésias, Justin, Pline, Ptolémée, Strabon, Méla, Diodore, doublés aujourd’hui de l’érudition des géographes chinois, répondent : Gètes et Massagètes-Amazones ; MM. Leitner et de Ujfalvy répondent : Dardis.

Je vais, par un court exposé, faire comprendre que dans l’antiquité et même jusqu’au treizième siècle de l’ère moderne les territoires dont nous nous occupons ont été tenus par les Gètes, les Massagètes et leurs congénères, et il nous faudra alors ou accommoder les Dardis à la Massagète, c’est-à-dire identifier les deux peuples, ou renoncer à nous repré-

  1. Congrès international des sciences ethnographiques tenu à Paris, juillet et octobre 1878. Paris, Imp. nationale, 1881, p. 615.