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— une légende rapporte qu’aux siècles des temps perdus, Bhavani, voulant fuir les persécutions d’un chef de la contrée, se sauva sous la forme d’une truie[1].

La directrice supérieure des couvents de religieuses au Tibet porte en effet le titre de Dordzi-pa-mo, c’est-à-dire la Sainte Mère de la Truie[2].

À leur naissance tous les enfants lui sont consacrés, et le signe distinctif de cette consécration est l’image d’un groin de truie[3] appliqué d’une façon indélébile sur le sommet de la tête des enfants, et qui constitue le stigmate circulaire qui marque le vertex des Tibétains des deux sexes.

La religieuse qui, pour la direction des couvents de femmes, doit prendre, à la mort d’une directrice, — je devrais dire, pour me conformer aux convenances des bouddhistes, au changement d’enveloppe d’une directrice — la survivance d’une incarnation de Bhavani, se recommande au choix du sacré collège des électeurs par l’image naturelle du groin qu’elle porte bien indiqué sur le sommet de la tête, et on comprendra sans que je le dise, que la distinction à faire entre ce stigmate natif et le stigmate artificiellement provoqué n’est pour le sacré collège des électeurs qu’une affaire de convention et d’entente préalable.

La Dordzi-pa-mo, la Sainte Mère de la Truie, réside au couvent de l’île du lac Yar-Brok-youm-thso, c’est-à-dire grand lac des Turquoises. Ce lac est aussi nommé lac de Paldi, du nom d’une ville assise sur sa rive septentrionale[4].

Cette île est formée de trois montagnes qui toutes les trois sont couvertes de couvents d’hommes et de femmes ; l’ensemble de ces couvents relève de l’autorité de la Sainte Mère de la Truie[5].

La Sainte Mère de la Truie, l’incarnation de Bhavani, ne

  1. Dubeux, Tartarie, Tibet, p. 260, 261.
  2. Klaproth, Magasin asiatique, t.  II, p. 286.
  3. Dubeux, Tibet, p. 261.
  4. Klaproth, Magatin asiatique, t.  II, p. 286.
  5. Klaproth, Magasin asiatique, t. II, p. 286.