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De la main, le prêtre déchire l’hymen ; sa main est ensanglantée, il la lave dans du vin ; ce vin, il le présente, dit-on, au père, à la mère, aux parents et aux autres invités. Tous y trempent les doigts et humectent leur front de ce liquide, quelques-uns affirment qu’ils en boivent.

Bientôt et de nouveau laissé seul avec sa cliente, le prêtre met, dit-on, à profit le temps qui lui reste pour compléter l’éducation de la fiancée.

L’annaliste chinois termine ce chapitre du mariage au Cambodge par l’observation que voici :

« Il y a au Cambodge nombre de femmes qui ont commencé par mener une vie licencieuse et qui se marient ensuite ; dans leurs mœurs cela n’a rien de honteux ni de surprenant[1]. »

M. le capitaine de vaisseau commandant de Villemereuil, qui en 1878, au Congrès des sciences ethnographiques, a fait une conférence sur les mœurs et les institutions du Cambodge, n’entre pas dans les détails que je viens de signaler ; mais il a, semble-t-il, à ce propos des paroles de raillerie qui cachent un sous-entendu dont il faut tenir compte.

« La dernière nuit de sa vie de jeune fille, dit-il, la fiancée la passe dans la maison bâtie pour elle, tandis que le jeune homme couche sous l’abri extérieur de ce futur domi-

    dam credideris, pater, mater, proximi tandem atque vicini frontem signant ; si aliis, vinum ore ipsi degustant. Sunt et qui sacerdotem puellœ pleno coïtu miscere asserunt, alii contra contendunt.

    Je trouve, dans un appendice qui termine cette notice sur le Cambodge, la phrase suivante :

    « Quand une fille a atteint sa neuvième année, on invite un prêtre à venir réciter les prières et pratiquer les cérémonies prescrites par la loi des Hindous. » En renvoi, Abel Rémusat écrit en latin : Deinde virginitatem aufert digito quo et frontem rubrâ maculâ notat, maculam accipit mater puellœ. Hoc est quod vocant ti-chi. (Abel Rémusat, Opera laudata, p. 118-151).

    Enfin, comme affirmation des confidences qui précèdent, je note ici qu’au jour de son ordination un prêtre bouddhiste birman se trouve avoir à répondre à cette question :

    « Ne vous manque-t-il rien de ce qui affirme la virilité ? » Pour être admis à l’ordination, le néophyte doit pouvoir répondre : Non, il ne me manque rien (Transactions of the Royal Asiatic Society, vol. III 2e partie, p. 275.)

  1. Abel Rémusat, Opera laudata, p. 118.