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tion. Nous l’avons empruntée au portugais balhadeira — danseuse — d’où d’abord balladère, puis enfin bayadère.

Le nom sanscrit des danseuses attachées aux temples dans l’Inde est dêva-dasi, c’est-à-dire « servante de la Divinité ». En hindoustani elles se nomment facultativement râm-djenny, kantchény, naûtchy.

Les Anglais les dénomment d’une appellation mi-hindoustanie, mi-anglaise ; ils disent : nauch-girl, c’est-à-dire jeune fille de la danse.

Le mariage est interdit aux dêva-dasi — aux bayadères des temples, — mais le célibat n’implique pas, paraît-il, le vœu de virginité. Elles sont généralement trop belles pour être négligées, et comme,

Pour être bayadère, on n’en est pas moins femme,

il n’est pas rare de voir des bayadères devenir mères.

Leurs fils seront musiciens aux temples, et leurs filles, pourvu qu’elles soient belles, seront à leur tour bayadères.

Les bayadères usent pour l’harmonie de leur parure de recherches intelligentes, qu’elles savent se rendre fort avantageuses[1].

Les danseuses, qui dans l’Inde ne relèvent pas du service des temples, reconnaissent dans chacun de leurs centres principaux une directrice qui porte le titre de daïyâ, c’est-à-dire « mère ».

Sous la dénomination de naûtchî ces danseuses sont fort employées dans l’Inde et par conséquent fort nombreuses.

Les familles hindoues, pour peu qu’elles soient aisées, n’ont pas de fêtes intimes, pas de solennités particulières, sans un nâtch, c’est-à-dire une récréation à domicile dont la danse, le chant et la déclamation font partie, et c’est aux naûtchî ou’nauch-girl, comme disent les Anglais, que revient la tâche

  1. Quelques bayadères se sont fait remarquer dans la littérature ; l’histoire littéraire de l’Inde a consacré les noms de Farh (joie), ou plutôt Farh Raksch (donneuse de joie). Ziya (éclat), Gauchin, et aussi celui de Jàn (Mir Yar Ali Jan Sahib), plus célèbre que les précédentes. Elle naquit à Farrukhabad, mais elle a surtout habité Lakhnau, théâtre de sa célébrité.