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qui subsista en même temps que celui des Tartares. Le nom de Mogull est une corruption de celui de Mung’l, qui signifie « triste », parce que ce prince était naturellement triste[1]. »

Cette étymologie, faite à la main et toute de convention, est certainement fautive.

Dans les Annales des Huns, elle arrive immédiatement après une note généalogique qui fait descendre Alingé-khan, père de Tatar et de Mogul, de Noé, par Japhet, à la troisième génération[2], et il suffit de faire remarquer que la Bible, qui parle de Noé et de sa descendance, n’est arrivée aux Tartares que par la conquête des Arabes musulmans au neuvième siècle ; que les Tartares, Huns ou Mongols, existaient bien longtemps avant la conquête qu’en ont faite les Arabes musulmans et que, par conséquent, généalogie et étymologie, telles qu’elles sont ici présentées aujourd’hui, sont absolument œuvre de convention et sans valeur historique. Elles ont d’ailleurs la mauvaise fortune d’être une importation venue d’Occident, tandis que les Mongols viennent surtout de l’Orient.

Pour les Chinois, au contraire, les Mongols sont de vieilles connaissances. Pendant des siècles nombreux, les peuples, qui depuis ont été nommés Mongols, ont inquiété leurs frontières septentrionales et occidentales ; pendant des siècles ils ont dû les combattre, et ils ont été un jour conquis par eux.

Les Chinois ont écrit une histoire des Mongols et, dans cet ouvrage, qui est une œuvre sévère, mais de ressentiment national, les Chinois écrivent le nom des Mongols en deux monosyllabes qu’ils orthographient ainsi : Moung-Kou[3].

C’est de ces deux mots que les Occidentaux ont fait le mot : Mongol.

  1. De Guignes, Histoire générale des Huns, t. II, p. 8.
  2. Même ouvrage, t. II, p. 7.
  3. Examen méthodique des faits relatifs au Thian-tchu ou l’Inde. Pauthier, Imprimerie royale, 1840, p. 18-19, note 3, Moung-Kou (ou Mongols), aux Haches Rouges.

    Dans le Pian-i-tian (pays situé au-delà de la frontière de la Chine), liv. LVIII, on trouve une ville nommée Tchi-Kou, vallée Rouge.