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Page:Olympe Audouard Conference M Barbey-d'Aurévilly 1870.djvu/21

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Avoir du génie, ce n’est donc pas avoir un cerveau d’homme ; le génie peut se placer aussi dans un cerveau de femme.

L’esprit féminin se distingue par le tact, le sens droit, par la finesse d’aperçu, la vivacité d’impression, par la sensation et l’instantanéité.

Le style féminin a plus de finesse, de touché, plus de délicatesse, plus de chatterie que celui de l’homme. En revanche, l’esprit masculin a plus de profondeur et de persistance.

Le style masculin est plus correct et mieux ordonné.

Mais c’est précisément parce que ces deux génies diffèrent entre eux que l’on doit en induire qu’ils ont l’un et l’autre, leur place marquée dans la nature, et qu’il serait de mauvaise économie humaine de vouloir en étouffer un au profit de l’autre, car ce serait se priver d’une valeur dont on ne peut contester l’importance.

Peut-on nier le génie féminin par la seule raison que, jusqu’à ce jour, la femme de génie n’a existé qu’à l’état de rare exception ?

Non.

On ne naît pas homme de génie, on ne naît pas savant, on naît seulement apte à le devenir ; l’intelligence humaine a besoin de culture, il faut jeter la semence pour qu’elle produise.

Pour s’instruire, pour apprendre, l’homme n’a qu’à se laisser aller, ses parents, ses professeurs, son ambition, tout le pousse à se débarrasser de son ignorance.