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restés de simples médiocrités, et ne seraient jamais arrivés à ces hauteurs dont vous êtes si fiers ?

Pour que la femme devienne intelligente dans le milieu où on l’a enchaînée, il faut que cette intelligence soit d’une trempe exceptionnelle, car, dans cet ordre d’idées, la femme ne peut compter sur personne, il faut qu’elle brise ses entraves elle-même.

Elle a à lutter contre les préjugés, et l’on sait ce que ce mot veut dire, lorsqu’il a la force pour lui. Pour une femme, c’est déjà une preuve de génie de vouloir sortir de son ignorance ; mais quand cette idée a germé, quelle pénible carrière lui reste encore à parcourir : il faut qu’elle ait le courage de braver l’opinion pour s’instruire toute seule, et qu’elle dérobe la science comme un voleur dérobe le bien d’autrui, car personne ne lui tendra la main dans une œuvre qui a contre elle les préjugés les plus enracinés. Mme  Sand, pour devenir le grand écrivain : que nous connaissons, a dû refaire, j’en suis certaine, et cela courageusement et laborieusement, sa première éducation littéraire. — C’est parce qu’elle y a trop bien réussi, qu’elle déplaît tant à M. Barbey-d’Aurévilly.

Les hommes, de sept à dix-huit ans, apprennent à connaître les diverses branches des connaissances humaines.

Les femmes perdent ces mêmes années à végéter dans des horizons bornés. On leur inculque des idées fausses, des aperçus mesquins. Le moyen qu’elles deviennent quelque chose !