Page:Olympe de Gouges - Le Mariage inattendu de Chérubin.djvu/14

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tion, je le priai d’aller ſavoir ſon jour ; il me répondit des mots aſſez vagues, qui ſont inutiles à répéter, venant du Suiſſe de M. C. de B… Enfin il obéit à ma ſupplication en fronçant le ſourcil, & revint me dire galamment de la part de ſon Maître, qu’il ne pouvoit pas m’aſſurer du jour. Je répondis : ni de l’heure, ni du mois, ſans doute, allons, fouette Cocher : en me promettant bien de ne jamais réclamer ni l’appui ni les conſeils de ceux qui ont oublié le malheur & les adverſités : je laiſſe au Public à décider ſi M. C. de B… a bien fait de me punir de mon enthouſiaſme en le comparent à cet homme célèbre, au défendeur de l’opprimé, à l’appui de la veuve & de l’orphelin. Au reſte, j’ai dégagé mon cœur du poids qui l’étouffoit depuis quatre mois ; je lui dis tout cela ſans faire de l’eſprit ni des phraſes. Peut-être il me répondra ; j’apprendrai de lui mieux que de tout autre l’art de faire une Préface : car, j’avoue mon ignorance, un inſtinct naturel fait toute ma ſcience. Il n’y a ni ſavoir ni ſexe qui tienne ; les Gens de plume s’expliquent avec leurs armes ; mais ſi tous s’en ſervoient avec cette franchiſe, il y auroit moins de méchants dans la Société : on applaudit à l’adreſſe d’un lâche calomniateur. Tout eſt charmant s’il médit avec eſprit. Voilà les hommes & leurs affreux