Page:Olympe de Gouges - Le Mariage inattendu de Chérubin.djvu/19

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toute leur habileté, & nous forment dans l’art de la diſſimulation, où elles excellent : les rendez-vous les plus ſecrets & les plus délicieux éteignent en public ces mouvemens impétueux qui nous tranſportent pour l’objet que nous aimons. Vous rêvez, Monſeigneur, qu’avez-vous à répondre ?

Chérubin.

Ce que tu dis ſur les femmes eſt véritable & j’en ai fait l’expérience ; mais tu te trompes, Figaro, au ſujet de la Comteſſe, elle eſt trop reſpectable.

Figaro.

Je le crois, dès que vous l’aſſurez. Vous êtes donc bien heureux à préſent ? Plus d’amour, plus de folie… Vous vous taiſez, Monſeigneur ; vous ſoupirez… Ah, de grace, parlez moi. Eſt-ce que vous ne m’honorez plus de votre amitié ?

Chérubin, embraſſant Figaro.

Mon cher ami, mon cher Figaro, je n’oſe t’avouer…

Figaro, à part.

Qu’eſt-ce que cela veut dire ? Seroit-il encore devenu amoureux de ma chère Suſanne ? J’avois bien raiſon de ne vouloir pas venir au mariage de la couſine de ma femme.

Chérubin.

Que parles-tu de ſa couſine, de Fanchette ? Elle va donc être mariée à ce butor de Paysan ?

Figaro, à part.

Ah, je reſpire. Il faut convenir que la jalouſie d’un mari Caſtillan eſt terriblement ombra-