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Page:Olympe de Gouges - Le Mariage inattendu de Chérubin.djvu/33

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elle ne manquoit pas d’eſprit & d’un certain jugement.

La Comtesse.

Je n’ai jamais connu ma parente, j’étois trop jeune dans ce tems-là ; mais j’ai appris tous ſes malheurs. Quel plaiſir je vais goûter en la voyant ! (à Fanchette.) Qu’as tu Fanchette ?

Fanchette, à part.

J’éprouve intérieurement des mouvemens inconnus. L’arrivée de ces perſonnes, un penchant qu’il me faut étouffer ; tout cela me bouleverſe le cœur & l’eſprit. (Haut) Je n’en puis plus.

La Comtesse.

Fanchette, vous pâliſſez ? (Suſanne) Elle ſe trouve mal, Suſanne : approche ce fauteuil.

Susanne.

C’eſt ce maudit homme que ſon père la force d’épouſer.

La Comtesse.

Conſole-toi, ma chère Fanchette ; je parlerai à Antonio, &, s’il n’écoute pas mes raiſons, nous trouverons des moyens pour rompre ce mariage.

Fanchette.

Il eſt trop avancé ; tout eſt préparé pour demain.

Susanne.

Nous gagnerons du tems. N’avons-nous pas le prétexte de l’arrivée de Monſieur le Duc & de ſon Épouſe ?

Fanchette.

Mon père n’écoutera rien.