Page:Olympe de Gouges - Lettre a Monseigneur le duc d'Orleans premier prince du sang, 1789.djvu/2

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Souvenez-vous, Monseigneur, de votre honorable exil : dès ce moment vous fûtes l’idole de la France, votre retour à la Cour sans le rappel des trois Conseillers, obscurcit un instant votre gloire : votre voyage en Angleterre, dans une époque aussi critique pour la Nation, faillit vous faire perdre la faveur publique. Les Français, jusqu’au moment des États Généraux, ont toujours mal saisi, Monseigneur, tout ce que vous avez entrepris : ce jour est arrivé où l’on a reconnu vos véritables principes ; l’occasion de les manifester est favorable, vous la saisirez, Monseigneur, & si je la devance de quelques heures, je n’aurai que le mérite de l’avoir prévue.

Avez-vous oublié, Monseigneur, que le Public, qui renferme toutes les classes, est un juge sevère ; & quand on n’en obtient pas en général le suffrage, il reste toujours quelque choſe de beau, de sublime à faire à un grand Prince.

Auriez-vous perdu de vue, Monseigneur, que, quelquefois, ce mélange de Public travestit les belles actions en desseins nuisibles au repos de l’État : oui, Monseigneur,