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qu’on doit juger s’il y a des excès dans les dépenses du gouvernement. « Qu’il soit donc moins occupé du soin d’épargner, que des opérations nécessaires pour la prospérité du royaume. »

Les fortunes pécuniaires s’élèvent toujours au détriment du bien public. « Que l’administration des Finances soit dans la perception des impôts, soit dans les dépenses du gouvernement, n’en occasionne donc point. »

Le malheur de l’état ne réveille point les fortunes pécuniaires. Elles existent clandestinement, et ce n’est que pour elles qu’elles existent : elles n’ont ni Patrie ni Roi. « Qu’on n’espère donc de ressources pour les besoins extraordinaires de l’état, que de la prospérité de la nation, et non du crédit des financiers. »

Les rentes financières sont destructives des richesses publiques. Outre la dette qu’elles supposent, il en résulte un trafic, qui grossit encore plus les fortunes pécuniaires stériles, ce qui fait souffrir la culture des terres. « Que l’état évite donc les emprunts qui forment ces rentes financières. »

C’est d’après ces maximes inspirées à Quesnay par la raison, la nature, la justice, l’intérêt commun et réciproque des Nations, que ce grand homme a composé tous ses ouvrages économiques. Les articles grains, fermiers, dont il a enrichi le Dictionnaire encyclopédique, l’Extrait des économies royales de Sully, le dialogue sur le commerce et sur les travaux des artisans, les problèmes sur les révolutions qui arriveraient dans les prix par l’effet de la suppression des gênes sur le commerce ; celui sur les avantages de l’établissement de l’impôt direct, et son excellent traité du droit naturel, qui est encore un des ouvrages dans lequel il a le plus montré son génie observateur, qui découvre, avec autant de simplicité que de justesse, les vérités les plus inconnues. Jusques à Quesnay, tous les écrivains, Grotius, Puffendorff, Burlamaqui, Cumberland, Vatel, et tant d’autres avaient confondu le droit naturel et la jurisprudence, qui en a plus ou moins réglé ou restreint l’usage ; ils ne parlaient que de cette dernière, en annonçant des discussions sur le premier. Il a dissipé cette confusion ; on avait dit, écrit, soutenu (c’était un sentiment universellement adopté parmi les philosophes) que les hommes, en se réunissant en société, sacrifiaient une partie de leur liberté pour rendre plus paisible l’usage de l’autre ; Quesnay a prouvé que les hommes en société n’avoient jamais sacrifié la moindre partie de leur libertée et n’avoient ni pu, ni dû le faire ; que l’étendue de leurs droits était précisément la même que dans le