Page:Oncken - Œuvres économiques et philosophiques de F. Quesnay.djvu/63

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pas le temps qu’il y avait employé qui lui inspirait cette affection ; car il fut conçu et exécuté en dix à douze jours ; ce qu’il y a de plus singulier, c’est que lorsqu’il le composa il était déjà docteur

    public parlait en faveur du droit des chirurgiens. Dans les conclusions du mémoire on lit : „Le public a sa vie à défendre dans les contestations des médecins et des chirurgiens ; ceux-ci, au contraire, combattent pour des intérêts bien importants L’intérêt public est donc réellement l’unique objet de la décision des contestations des médecins et des chirurgiens ; et cet intérêt est de la dernière importance.“ L’article Chirurgien de l’Encyclopédie de d’Alembert et Diderot donne des renseignements détaillés sur le sujet spécial de la lutte. D’après cet article, la patente royale de 1731 par laquelle l’Académie royale de chirurgie avait été fondée, avait accordé au corps de St-Côme divers droits qui rapprochaient des médecins les membres de cette communauté.

    „Cette loi — ainsi s’exprime l’article dont il s’agit — les lavait de l’ignominie qui les couvrait : en rompant le contrat d’union avec les barbiers, elle rendait les chirurgiens à l’état primitif de leur art, à tous les droits, privilèges, prérogatives dont ils jouissaient par l’autorité des lois avant cette union. La faculté de médecine disputa aux chirurgiens les prérogatives qu’ils voulaient s’attribuer, et elle voulut faire regarder le rétablissement des lettres dans le sein de la chirurgie, comme une innovation préjudiciable au bien public et même au progrès de la chirurgie. L’université s’éleva contre les chirurgiens, en réclamant le droit exclusif d’enseigner. Les chirurgiens répondirent à toutes les objections qui leur furent faites. Ils prouvèrent contre l’université, qu’une profession fondée sur une législation constante les autorisait à donner, partout où bon leur semblerait, des leçons publiques de l’art et science de chirurgie ; qu’ils avaient toujours joui pleinement du droit d’enseigner publiquement dans l’université ; que la chirurgie étant une science profonde et des plus essentielles, elle ne pouvait être enseignée pleinement et sûrement que par les chirurgiens ; et que les chirurgiens ayant toujours été de l’université, l’enseignement de cette science avait toujours appartenu à l’université. De là les chirurgiens conclurent que l’université, pour conserver ce droit, qu’ils ne lui contestaient pas, avait tort de s’élever contre la déclaration du roi, qui en maintenant les chirurgiens (obligés dorénavant à être maîtres-ès-arts) dans la possession de lire et d’enseigner publiquement dans l’université, lui conservait entièrement son droit. Ils ajoutèrent que si l’université refusait de reconnaître le collège et la faculté de chirurgie, comme faisant partie d’elle-même, elle ne pourrait encore faire interdire aux chirurgiens le droit d’enseigner cette science, étant les seuls qui soient reconnus capables de l’enseigner pleinement ; et que l’université voudrait en vain dans ce cas opposer aux lois, à l’usage et à la raison, son prétendu droit exclusif d’enseigner, puisqu’elle ne peut se dissimuler que ce droit qu’elle tient des papes, a donné par nos rois, seuls arbitres du sort des sciences, à différents collèges qui enseignent, hors de l’université, des sciences que l’université enseigne elle-même. Ces contestations, qui furent longues et vives, et dans le cours desquelles les deux principaux partis se livrèrent sans doute à des procédés peu mesurés