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avec le plus grand art, les maximes et les règles de vertu qu’il y a semées, donnent une idée exacte du cœur et du génie de Quesnay.

Bœrhaave avait fait une physiologie, dans laquelle il avait répandu la lumière sur la structure des organes du corps et leurs fonctions particulières ; mais il avait omis d’expliquer les premières causes physiques qui leur donnent de l’action, ou du moins n’en avait-il parlé que fort légèrement. Quesnay comprit toute l’importance de cette partie de la physiologie ; elle était neuve : il crut devoir la traiter pour l’utilité publique.

Le plan de son ouvrage est d’établir les principes nécessaires à la connaissance des causes générales qui concourent avec les organes du corps aux opérations de la nature, et peuvent occasionner d’autres effets avantageux ou nuisibles, indépendamment de l’action de ces mêmes organes. Pour remplir ce plan selon ses vues, Quesnay traite des principes des corps en général, qu’il divise en deux sortes ; principes des corps simples, qu’on appelle principes constitutifs, il entend par là la matière et la forme ; principes ou éléments des mixtes, c’est-à-dire, des corps composés de corps simples. Les détails dans lesquels il entre sur ces objets qu’il traite séparément, sont aussi variés qu’intéressants et utiles. Je ne parlerai pas des principes constitutifs et des élémentaires qui n’ont rapport qu’à la physique ou à la science physico-médicale. Je m’attacherai seulement aux facultés sensitives et intellectuelles que ces derniers principes renferment.

Ce que Quesnay avance sur les sensations, les perceptions, le discernement et la mémoire, l’imagination et la science, doivent le faire placer à côté de ce grand homme[1], dont il a combattu l’opinion sur l’étendue et le système de la vision en Dieu ; tant il a su rendre sa métaphysique juste et lumineuse. Il passe ensuite aux inclinations ; elles ont pour objet le bonheur de l’âme, et prennent leur source dans des dispositions particulières qui viennent de l’organisation des sens, différentes des passions qui consistent dans des sentiments vifs habituels, excités et nourris par la présence des objets. Ici l’auteur indique le nombre de ces passions, les range par classe avec beaucoup d’ordre et de précision, et fait voir que l’habitude de s’y livrer, en affermit l’empire ; qu’elles détruisent la dignité de l’homme, éteignent le flambeau de sa raison, et le font

  1. Malebranche. (Note de l’original)