Page:Oncken - Œuvres économiques et philosophiques de F. Quesnay.djvu/94

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La premiere est la productive, c’est celle des cultivateurs, classe bienfaisante dont la richesse fait la force et la gloire des empires, puisque c’est d’elle que découle le bonheur ou le malheur des deux autres. L’avilir, la tourmenter, l’accabler sous le faix des impôts qui ne peuvent entraîner les reprises sans détruire les richesses renaissantes, c’est écraser la nation appuyée sur elle. Souverains, Ministres et Administrateurs, protégez, récompensez, multipliez les cultivateurs, si vous voulez que l’Etat, dont vous avez les rênes entre les mains, brille d’un éclat durable.

La seconde classe est celle des propriétaires, c’est-à-dire des possesseurs particuliers qui forment les avances foncieres, les entretiennent, reçoivent et dépensent leur portion du produit, et des agents de la souveraineté, qui remplissent toutes les fonctions de l’autorité publique, et qui sont payés par une autre portion du même produit net.

La troisieme est celle qui renferme les négoçiants, les artistes et leur salariés. Cette classe s’occupe de travaux utiles, intéressants, ingénieux, mais payés par les richesses que le sol ou les eaux ont fait naître : elle échange, elle arrange, elle ne produit point. L’appeller non productive seroit une expression composée peu conforme à la simplicité de la langue. Quesnay l’a nommée la classe des dépenses stériles…. Ici, qu’elle [sic] rumeur s’éleve, que de cris se font entendre. Eh quoi, la classe de ceux qui par leurs talents leur industrie, leur profession animent le commerce, entretiennent

le mouvement de ses ressorts, attirent l’or des nations étrangeres et répandent par-tout l’abondance, doit elle être appellée classe stérile ; parcequ’au lieu de consacrer ses travaux à la charue, pour sillonner les champs, elle l’emploie à des manufactures ou à des métiers…… Non répondrai-je à ces citoyens honnêtes, trop prompts à se formaliser. La classe des salariés de l’industrie n’a jamais été regardée comme inutile à l’Etat ; mais elle est stérile, parcequ’elle differe de la classe productive, parcequ’elle ne crée rien, parcequ’elle ne fait que donner une nouvelle forme à ce qui a déja été produit, parceque ses travaux sont payés et ne paient point ; au lieu que les travaux de la culture se paient eux-mêmes et paient en outre tous les autres travaux humains. Cette stérilité qui n’est point une injure, mais une qualité qui dérive de la nature des choses, est le gage le plus certain de l’immunité, que les gouvernements éclairés doivent assurer aux agents du commerce et des arts. S’ils produisoient des richesses, comment pourroit-on les exempter d’