Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/26

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pour descendre, et prendre une place, ou reprendre une ancienne place dans le champ étroit des systèmes. On a été trop content de s’expliquer dans cette position tant de choses auparavant si obscures, si contradictoires, pour ne pas s’y tenir ; on y a trop goûte le plaisir calme et élevé, on a même trop gagné la tentation d’être juge, pour redevenir plaideur obstiné et chicaneur ; on s’y est trop dégoûté de cette manière de juger par laquelle on peut voir une folie complète dans un exercice sérieux, étendu, durable de l’intelligence humaine, pour y revenir, ou pour la prendre.

Mais d’où vient cette efficacité de votre philosophie en ce point comme en tant d’autres ? pourquoi est on entraîné, forcé d’être impartial avec vous, si ce n’est parce qu’on a été forcé d’adopter des points-de-vue élevés, généraux, très compréhensifs, dont vous avez tiré vous-même votre impartialité ? Vous avez la bonté de me demander si votre division et votre classification des différens systèmes de philosophie n’est pas arbitraire comme tant d’autres. J’avoue que je serais charmé de pouvoir vous répondre catégoriquement là-dessus. Ce que je puis vous dire c’est que, à en juger par moi, je trouve que rien qu’à la simple exposition de ce système général de division des systèmes philosophiques, on sent, on voit, pour ainsi dire, ses propres souvenirs, les idées, les corollaires qu’on avait dans la tête se ranger autour de ce système ; ce que je puis vous dire encore, c’est qu’il me semble qu’après avoir vu le développement et les applications que vous faites de ce système, la juxtaposition que vous en faites avec tant d’histoire de la philosophie, avec un si vaste et étendu exercice de l’intelligence, après avoir fait avec un tel essai de ce système, on ne peut plus s’en défaire : dans ce que l’on a observé avec vous, dans ce qu’on l’observe soi-même dans la suite, on ne peut plus faire