Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/38

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se croire, jusqu’a un certain point, le droit d’imposer aux autres ?

Vous appelez cela tout rondement des vérités : les vérités que la raison nous découvre.

Et comment appelez-vous ce qui sera la matière de la philosophie, ce qu’il serait trop inique et absurde d’imposer à d’autres ?

Le fruit, les résultats de la réflexion.

Quoi ! vous n’allez pas d’autres nom à leur donner ? Aux vérités de l’intuition vous opposez les résultats de la réflexion, c’est-à-dire quelque chose d’aussi général, d’aussi indifférent que possible, quelque chose qui ne spécifie, qui n’exclut pas plus la vérité que l’erreur. Vous n’allez pas plus loin, tandis que plus loin est la question : car je sais bien que ce qu’on obtient par la réflexion est un résultat ; mais tant que je ne sais que cela, je ne puis rien en inférer ; je ne puis voir comment ce qu’on pourrait se croire jusqu’à un certain point le droit de faire avec des vérités, il serait inique et absurde de le faire avec ce dont on ne me dit autre chose, si non que c’est un résultat.

Et ce n’est pas, ici non plus, une chicane sur les mots que je vous fais : les mots sur lesquels je vous fais mon objection ont bien sûrement l’inconvénient capital de laisser en blanc ce qu’il s’agit de décider : or, je prétends que vous ne pouviez, que vous ne pouvez en employer d’autres qui échappent à cet inconvénient, et qui touchent au vif de la question, sans faire disparaître, sans nier la différence sur laquelle vous établissez les deux principes. Essayez de dire : la réflexion étant toute personnelle, il serait trop évidemment inique et absurde d’imposer à d’autres les vérités que nous pouvons obtenir par elle. On vous remontrerait tout de suite que, si ce sont des vérités, c’est la raison qui nous les découvre, elle[s] ne viennent pas de nous, elles entraînent tous les droits que la vérité peut entraîner. On vous dirait