de dire que c’est dès le second pas que les croyances arrivent d’en dehors du cogito, j’aurais pu et dû dire que c’est dès-le premier ; mais c’est que dans le second je trouvais le sujet et l’attribut qui me donnait plus beau jeu que l’ergo, qui en est gros pourtant. Question d’ailleurs aussi singulière par rapport à ceux contre qui elle est posée, c’est-à-dire les sceptiques, que fausse en elle-même. Car au lieu de dire aux sceptiques, comme Sganarelle et comme le genre humain : Hé, que diable ! vous vous moquez ; au lieu de leur dire : tant que vous viendrez avec des syllogismes démontrer que rien n’est certain, je verrai toujours que vous avez foi au syllogisme : venez avec autre chose, nous verrons s’il y a lieu à discuter ; en attendant on n’a rien à répondre à ceux qui se mettent en contradiction avec eux-mêmes, si non qu’ils sont en contradiction avec eux-mêmes : rien autre, dis-je, si on ne veut pas être pris pour dupe, et il ne faut pas l’être ; et c’est une des vérités dont à coup sûr vous êtes bien persuadé : au lieu de cela on accepte sérieusement ce déni de croyance, on reconnaît légitime ce doute universel, hors un point, un seul point ; c’est par là qu’on croit tenir les sceptiques, et les pousser au pied du mur ; et quand on les tient bien de cette manière, on tombe sur eux, avec quoi ? avec un mot, un fier mot en effet, mais qui suppose une quantité de ces croyances que l’on a cru qu’ils reniaient tout de bon, qu’on a même consenti à renier avec eux.
Mais à qui est-ce que je chante cela ? A vous, qui (1829, leç. 4.e) avez si bien fait valoir cet argument contre le scepticisme, et démontré par là la contradiction radicale de cette doctrine, contradiction qui éclate immédiatement dans ce titre même de doctrine, dans le nom même de scepticisme, s’il refusait le titre ? A vous, qui dans cette même leçon 6.e de 1828, autour de laquelle je sais bien moi comme je sue, aviez dit : « penser, c’est savoir qu’on pense,