Page:Opere inedite o rare di Alessandro Manzoni, volume III, 1887.djvu/77

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manifeste ; ou, pour parler plus exactement, ce que vous appelez inspiration, intuition, spontanéité, aperception primitive, ne peut, d’après votre propre doctrine, avoir une langue.

Que si je pouvais trouver que vous l’eussiez affirmé vous-même en propres termes, que vous eussiez oppose expressément les langues à l’inspiration, et démontré l’incompatibilité de ces deux choses en démontrant dans les langues (et en l’y démontrant comme essentielle) une qualité que vous excluez essentiellement de l’inspiration, la qualité qui distinguerait justement la réflexion de l’inspiration, vous sentez bien, que, dans ma passion de vous opposer à vous-même, ce me serait une trop bonne fortune pour la négliger. Or ne puis-je pas dire d’avoir trouvé mon fait dans le passage que je vais transcrire ?

« Aujourd’hui, dans l’intelligence développée, dans les langues, qui sont ce que les a faites l’intelligence, le fini suppose l’infini, comme l’infini le fini : le contraire appelle le contraire... », pag. 6, et à la suivante : « la négation essayée et convaincue d’impuissance est le caractère propre du phénomène, tel qu’il se manifeste aujourd’hui dans la conscience ». N’est-ce pas dire que, nommément en ce qui regarde les trois termes de la conscience, et qui est, selon vous, l’objet de l’inspiration, les langues ne peuvent affirmer qu’en niant en même temps, et que par conséquent elles ne peuvent rendre en aucune manière l’inspiration, que vous allez définir « une affirmation sans négation », et que vous définissez ainsi pour l’opposer justement à cette intelligence développée, à laquelle vous donnez les langues, comme pour déclarer que non seulement elles sont ses interprètes, son instrument naturel, mais qu’elles ne peuvent être un instrument que pour elle ? je pense que c’est vraiment, dire cela.