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de l’immortalité de l’âme

L’interprétation de ce texte a formé le sujet de mon Cours au Collège de France, où j’ai pu la développer en expliquant le document d’une manière philologiquement rigoureuse.

Il est très-difficile de traduire un texte assyrien. La langue nous était inconnue naguère, il nous faut former le Dictionnaire et cette partie de la tâche est des plus ardues. La création de la Grammaire nous a fait faire un pas considérable en avant ; mais encore faut-il une assez grande somme de critique pour appliquer ces règles grammaticales. De plus, le texte est souvent tronqué, il faut de l’intuition pour le compléter ; en tous cas, l’interprétation d’un texte assyrien exige beaucoup de peine et beaucoup de temps.

Pour faire juger de cette difficulté, je publierai en regard de ma version, celle du troisième traducteur, M. Lenormant, qui lui-même a eu devant lui les versions des deux savants anglais. Il est juste de dire que, presque partout où nous sommes d’accord, les Anglais avaient déjà proposé le même sens.

Ce n’est que très-tardivement que le vrai sens de l’inscription a été reconnu par la restitution du texte entier. Le commencement manquait, et MM. Fox Talbot et Lenormant, avaient, à cause de cette mutilation du document, cru voir dans le texte un mythe tout différent de celui qui s’y trouve réellement. On avait pensé à une énumération des bijoux d’une reine, puis à une initiation mystique ; dans cette dernière visée, M. Lenormant avait tiré parti de ce texte, dans son Commentaire sur Bérose, et en avait donné un tronçon de l’inscription dans les Mélanges d’archéologie égyptienne et assyrienne. M. Smith a retrouvé au musée britannique un morceau de la brique qui s’adaptait au fragment déjà photographié dans la Collection des Trustees (K. 160), et a pu, dès lors, indiquer le vrai sens général du texte. Sa version, bien que très-imparfaite, a eu les honneurs du Journal officiel, qui l’a traduite du Daily Telegraph. Depuis peu, et postérieurement à la version de M. Lenormant, on a retrouvé les trois ou quatre derniers signes des dix premières lignes qui manquaient. Ils ont été fournis par un second exemplaire du document. Ces compléments ne manquaient pas à M. Schrader ; mais je ne