Aller au contenu

Page:Opuscules de Saint Thomas d’Aquin, tome 5, 1858.djvu/401

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

les universaux existoient et subsistoient en dehors des singuliers et de l’intellect ; tels furent les Platoniciens qui avoient Platon pour chef. Ce philosophe voyant qu’il s’opérait dans les choses une grande et continuelle transformation et corruption, fut amené à dire que les universaux existoient par eux-mêmes et étoient incorruptibles ; il les appelait idées, lesquelles idées ils regardèrent comme les causes exemplaires et effectives des singuliers, Aristote anéantit cette opinion dans le livre VII de la Métaphysique. C’est pourquoi il dit par dérision contre Platon, dans le livre Posteriorum, que les genres et les espèces se réjouissent, ce sont des monstres. Etablissons donc l’argument d’Avicenne contre lui. L’universel que nous avons en vue se dit de tous les inférieurs dont chacun est lui-même. Or l’universel que Platon supposait séparé, ne se dit pas de ses individus, et aucun d’eux n’est lui. Donc, ou il ne faut pas admettre d’universel, ou il ne faut pas le dire séparé, comme faisait Platon. En conséquence il s’en est trouvé d’autres qui ont prétendu que les universaux n’étoient que dans l’intellect, ce qui est entièrement opposé à l’opinion de Platon, et ceux-ci ne s’accordent pas non plus. Quelques-uns d’entre eux ont prétendu que les universaux nous étoient innés et qu’ils étoient concrets, et que les universaux ne s’effectuoient pas par l’épuration et l’abstraction de l’action intellectuelle, ils s’appuient sur ce que dit Aristote dans le livre II de l’Ame, que nous concevons lorsque nous voulons, ce qu’il n’eut pas dit si les universaux ne nous étoient pas innés et se présentoient toujours actuellement à l’ame. Aristote est entièrement opposé à ce qu’ils allèguent pour leur défense. Car il dit formellement sur la fin du livre II Posteriorum, que l’universel venatur sensus par le moyen de la mémoire et de l’expérience, et le Commentateur dit à leur encontre dans le prologue de l’Ame, que