Page:Opuscules philosophiques et littéraires. La plupart posthumes ou inédites.djvu/37

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ladies ne sont pas des fièvres malignes ; et les petits malheurs de détail, les situations désagréables, quoique foibles, sont bonnes à éviter. La mort, par exemple, est une idée qui nous afflige toujours ; soit que nous prévoyions la nôtre, soit que nous pensions à celle des gens que nous aimons : il faut donc éviter avec soin tout ce qui peut nous rappeler cette idée. Je suis bien opposée à Montaigne, qui se félicitoit tant de s’être tellement accoutumé à la mort, qu’il étoit sûr de la voir de près sans en être effrayé. On voit par la complaisance avec laquelle il rapporte cette victoire, qu’elle lui avoit beaucoup coûté ; et en cela, le sage Montaigne avoit mal calculé ; car assurément c’est une folie d’empoisonner par cette idée triste et humiliante une partie du peu de tems que nous avons à vivre, pour supporter, plus patiemment, un moment que les douleurs corporelles rendent toujours très-amer, malgré toute notre philosophie. D’ailleurs, qui sait si l’affoiblissement de notre esprit, causé par la maladie ou par l’âge, nous laissera recueillir le fruit de