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CANTON SUD-OUEST DE RENNES

coin, les malheureux suicidés ne devant pas être confondus avec les autres morts. Les plantains et les potentilles seuls, la recouvrent de leurs feuilles toujours vertes.

Pauvre et cher poète[1], toi si bon, si aimable, et pourtant si vite oublié, pourquoi le malheur est-il venu te frapper au moment où tu y pensais le moins ? Ah ! pourquoi ? Pourquoi le ciel se couvre-t-il de nuages au milieu d’un beau jour ? Pourquoi la foudre brise-t-elle, sans raison, l’arbre de la forêt ?

En m’agenouillant sur l’herbe, les yeux pleins de larmes, j’ai récité tout bas, des vers de mon ami :

LE SOMMEIL DU PREMIER NÉ

« Dors, enfant aux doux yeux bleus,
« Dans ton berceau de dentelle,
« Pour te couvrir de son aile
« Un ange est descendu des cieux.

« Assis à ton chevet, il admire en silence,
« Ton petit front si pur, sans rides, sans douleurs,
« Et ta paupière close et ton air d’innocence,
« Et tes songes tous pleins d’étoiles et de fleurs !
« L’Ange qui sur toi veille et que le ciel te donne,
« C’est ta mère, enfant blond, ta mère à l’œil d’azur,
« Au front brillant encore de la chaste couronne
« Des vierges au cœur pur.

  1. Nous avons publié, dans la Revue de Bretagne et d’Anjou, une notice biographique sur ce poète Émile Alliou.