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Page:Orain - Au pays de Rennes.djvu/209

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CANTON SUD-OUEST DE RENNES

s’ils mourront dans l’année. Ils descendent à cet effet dans la mine, à leurs chantiers, et là, chaque mineur allume une chandelle qu’il laisse brûler. Si la lumière s’éteint avant d’être consumée, c’en est fait de leur existence : le lutin invisible est passé qui a fixé le terme de la vie de son protégé.

Des déblais considérables, extraits des souterrains, forment des monticules sans nombre, entre lesquels on voit çà et là de petites chaumières d’où sortent des mioches joufflus. Dans les courtils, quelques mineurs jardinent, tandis que d’autres jouent au bouchon à la porte des auberges.

Une poussière d’un gris bleu, presque impalpable, est chassée par le plus petit souffle de vent et vous recouvre des pieds à la tête. Elle donne à ces lieux un aspect si triste et si désolé que ce fut avec un véritable sentiment de satisfaction que je rejoignis la grande route de Nantes, d’où part le long ruban de chemin vicinal qui conduit à Orgères.

Afin d’abréger la distance, on peut prendre une superbe avenue qu’on appelle dans le pays la rabine du château.

Oh ! le pauvre château d’Orgères ! Il fait peine à voir, tant il est délabré, au milieu de ses douves profondes où dort une eau croupie recouverte d’un épais limon. Il ne lui reste rien de sa splendeur passée. On dirait qu’il n’a pas voulu survivre à la puissante famille qui l’habita si longtemps.

La seigneurie d’Orgères fut érigée en baronnie l’an 1641 pour