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AU PAYS DE RENNES

L’héritier du Plessis-Pillet annonça promptement ce qu’il devait être plus tard. Violent, emporté, disputeur, dépensier et buveur, il ne supportait aucune remontrance et devint, ce qu’avait annoncé la sorcière, un vaurien, la désolation de ses parents. Le chagrin abrégea les jours de ceux-ci qui s’en allèrent rejoindre leurs ancêtres sous les dalles de l’église de Dourdain.

Lorsque le jeune seigneur se vit seul à la tête de sa fortune, il ne songea qu’à se divertir en compagnie de mauvais sujets. Les jours et les nuits s’écoulèrent en orgies, en folles dépenses qui dépassèrent ses revenus et amenèrent bientôt sa ruine.

Les créanciers menacèrent de faire vendre les terres, le château, les chevaux, les chiens, et Jehan en proie à un sombre désespoir méditait le genre de mort qu’il allait choisir. Il gravit l’escalier de la plus haute tour du castel avec l’intention de se précipiter dans l’étang. Au moment d’accomplir son sinistre projet il aperçut devant lui un individu tenant une escarcelle entr’ouverte dans laquelle il plongeait les mains pour faire sonner les louis d’or.

Jehan releva vivement la tête, et en voyant cette fortune qui l’attirait, il s’écria :

− Qui es-tu ? et que veux-tu ?

− Je suis Satan, et je t’offre treize fois ta charge d’or pour le prix de ton âme que je viendrai te réclamer dans dix ans. Signe de ton sang l’acte que voici et le marché sera conclu.

Le seigneur du Plessis-Pillet tremblait de tous ses membres,