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AU PAYS DE RENNES

engagements. Au revoir, l’ami, dans quinze ans tu recevras ma visite.

Le sire de Cangé était en train de contempler ses richesses quand le hennissement d’un cheval se fit entendre dans la cour. Il descendit aussitôt et aperçut un superbe animal, noir comme l’ébène et richement harnaché. Les étriers étaient en or et la selle incrustée de pierres précieuses. Enfourchant aussitôt la bête et muni de l’escarcelle que le diable lui avait laissée, il se dirigea vers le pont-levis qui se baissa de lui-même à son approche. Dès qu’il fut hors du château le cheval releva fièrement la tête et lança feu et flammes par la bouche et les narines. Son cavalier, qui n’avait plus peur de rien, le conduisit avec une rapidité vertigineuse, chez tous ses créanciers qu’il paya sans vider complètement sa sacoche.

De retour chez lui Jehan songea à cacher son trésor. Ne le trouvant pas en sûreté dans sa demeure, il alla pendant neuf nuits le porter dans un trou qu’il avait creusé dans la lande de Clairay, à trois huchées du château.

Ses serviteurs entendant à chaque instant de la nuit le pont-levis se lever et s’abaisser, voulurent voir ce dont il s’agissait ; ils guettèrent leur maître et le suivirent jusque sur la lande où ils l’aperçurent enfouissant son or sous les bruyères et les ajoncs.

Quelques jours plus tard ces domestiques, dignes de leur maître, profitèrent de l’absence de Jehan pour s’en aller déterrer le trésor. Soudain le seigneur du Plessis-Pillet, monté sur sa cavale lançant des flammes, dispersa les voleurs à coups de cravache.