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Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/22

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Mais, j’ai moins voulu entreprendre son panégyrique que votre instruction.

Eh ! comment mieux vous instruire qu’en vous rappelant les merveilleuses qualités de cette héroïne ?

Je vous retracerai ses fatigues incroyables dans une carrière où elle est entrée dès sa plus tendre enfance, son courage dans les attaques, sa fermeté dans les traverses, sa constance dans les disgrâces, sa modestie dans les triomphes.

Je couronnerai son front des lauriers moissonnés par ses mains.

Je vous peindrai surtout sa mort, circonstance la plus glorieuse de sa vie.

Justine naquit de parents pauvres, mais vigoureux.

Consumés tous deux d’une maladie héréditaire, ils n’en conçurent l’un pour l’autre qu’une passion plus violente, ils confondaient leurs maux ensemble et ils les oubliaient.

Des plaisirs si réitérés conduisirent bientôt au lit de la mort les dignes parents de l’incomparable Justine.

S’y voyant sans ressource, sans espérance de toutes les Facultés du monde, ils appelèrent leur fille, cette chère Justine, qui comptait alors douze ans.

« Fruit précieux de notre tendresse, lui dirent-ils, nous n’avons plus qu’un instant à vivre, et nous ne saurions mieux l’employer qu’à vous donner un conseil qui fera le bonheur de votre vie, si vous le suivez.

« Comptez pour rien tous les jours que vous n’aurez pas consacrés au plaisir. Qu’importe qu’ils soient longs, s’ils ne sont pas remplis !