Page:Oraison funèbre de très haute et puissante Dame, Madame Justine Pâris, 1884.djvu/42

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J’observai alors, en maniant un de ces instruments ingénieux, inventés dans les couvents de filles pour suppléer aux fonctions de la virilité, que, sans doute, les bonnes connaisseuses négligeaient celui-ci pour l’autre.

« Oui, me répondit mon honnête conducteur ; mais comme les pommes d’amour ne se cueillent pas dans ce pays-ci, qu’il y a trop loin de Paris à Pékin, que tout au plus il s’en voit chez quelques curieux, il faut bien s’en tenir à l’ancien usage, et vous ne sauriez croire la quantité de lettres qu’on a trouvées dans la correspondance de l’infâme Gourdan, à qui les Abbesses et les simples religieuses s’adressaient pour être fournies de ce spécifique consolateur. »

Ce spécifique consolateur, phallus de cuir ou de velours, avec ou sans ressorts, vulgairement appelé Godemichet, est un engin aussi singulier qu’ingénieux, en usage depuis que le monde est monde. Les dames romaines s’en servaient bien avant les dames françaises, comme le prouve un passage du fougueux Pétrone.

Je vis ensuite une quantité de petits anneaux noirs, mais beaucoup plus grands que des bagues, et dont la destination ne paraissait pas faite pour les doigts. Je demandai ce que c’était.

« Encore une ressource, me dit mon digne guide, pour les paillards, qui, trouvant une courtisanne trop froide, ainsi qu’il leur arrive assez souvent de l’être, harassées, fatiguées, usées, comme elles sont communément dans les exercices de Vénus, ont désir de l’aiguillonner ; c’est pour cela qu’on