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NOTICE

SUR SEXTUS AURELIUS VICTOR.


Gloire aux écrivains infatigables qui s’efforcèrent, dans le moyen âge, de reconstruire le frêle sanctuaire des lettres, ruiné par tant d’invasions successives des barbares ! Après l’orage et la destruction, c’était l’âge d’or de la renaissance et du calme réparateur. Que de veilles laborieuses, que de fouilles savantes pour arracher à l’injure de l’oubli les monuments les plus précieux de l’intelligence humaine ! Mais aussi combien d’erreurs et de mécomptes ! combien d’infructueuses recherches et d’investigations en pure perte ! et puis, les doctes reliques une fois retrouvées, le pédantisme opiniâtre des commentateurs vint presque gâter tous les fruits de la découverte. Ajoutons encore à cet abus des meilleures choses, les controverses sans fin, les querelles brutales et le cynisme de polémique du vieux classicisme grec et latin ; enfin, par-dessus tout, la crasse ignorance des copistes. Ces nouveaux barbares firent passer les différents textes et manuscrits par les plus cruelles mutilations ; l’homme de goût en vint jusqu’à gémir sur les efforts de travail des premiers réparateurs, puisqu’ils en étaient si mal récompensés. Le zèle et la bonne foi des conservateurs furent méconnus. Le dirai-je ? les modernes interprètes eux-mêmes firent, en désespoir de cause, dans leur superbe ingratitude, un crime réel aux originaux, de toutes les bévues de leurs infidèles copies.

L’historien Sextus Aurelius Victor, objet de cette notice, en aurait-il souffert comme tant d’autres auteurs, plus célèbres du reste ? Oui, certes, et peut-être autant que personne. Pour ne parler que des écrivains de l’ancienne Rome, si c’était un Salluste, un Tite-Live, un Tacite, un des maîtres classiques, en un mot du siècle d’Auguste, ne pourrait-on pas reprocher aux ar-