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HENRI CORNÉLIS AGRIPPA

lettres en parlent avec quelque forfanterie[1]. Il avait beaucoup étudié, beaucoup voyagé, beaucoup appris.

II

En 1507, il est à Paris ; mais bientôt, faute de ressources, il se voit obligé de revenir à Cologne. Cependant Paris l’attirait, et il en parlait avec regret, y laissant de bonnes et solides relations qu’il sut conserver. De retour au foyer paternel, il s’occupe de sciences occultes, très à la mode à cette époque : il fonde même une association de chercheurs dont les ramifications ne tarderont pas à s’étendre par toute l’Europe.

Rappelé en 1508 au service de l’empereur, on le trouve au pied des Pyrénées, et ici apparaît une singulière aventure dont Agrippa s’est plu à raconter en détail les péripéties. Dans cet épisode de sa vie militaire relatif à une répression contre des paysans révoltés, Agrippa eut recours à quelques engins de guerre de son invention dont l’emploi fit merveille : il s’occupait déjà de ces fameuses découvertes pyrotechniques longuement exposées dans un traité qu’il n’a sans doute jamais achevé et qu’il n’a point publié. Au milieu du danger qu’il courut dans cette expédition, c’est à un moine qu’il dut son salut. Plus tard c’est à d’autres moines qu’il devra une grande partie de ses infortunes.

Il est probable qu’il regagna encore alors sa ville natale, où il se ravitailla, pour de là recommencer ses excursions mondiales. L’Espagne et l’Italie l’attiraient et le retenaient également, mais il avait pour la France une secrète prédilection. D’après une lettre adressée à son ami Landolphe[2], dans laquelle il revient sur son équipée militaire, il aurait gagné Avignon, où il vécut avec quelques amis qui, comme lui, cherchaient la pierre philosophale. Cette lettre est datée du 9 février 1509. Le 5 juin de la même année, on le retrouve à Autun, dans l’abbaye de Saint-Symphorien, toujours préoccupé des sciences occultes. La même année, à une date imprécise, il est à Dôle, en Bourgogne[3].

Là, pour la première fois, il aborde la chaire et le public. C’est là

  1. Epist., II, 19 ; VI, 22 ; VII, 21. Conf. Opera omnia, II, pp. 595-597.
  2. Epist., I, 2. Nous donnons la traduction de cette lettre, pp. 43 à 48.
  3. Epist., I, 10. Voir cette lettre in-extenso pp. 43 à 48 de cette étude.